36 personnes juives, arrêtées dans la nuit du 21 juillet 1944 à Saint-Amand-Montrond, dans le Cher, ont été assassinées sur le site dit « des puits de Guerry » les 24, 26 juillet et 08 août. Cette tragédie est révélatrice de la mise en œuvre de la Shoah dans le département du Cher ainsi que des exactions de la Milice.

Suite à l’arrestation le 02 juin 1944 du sous-préfet de Saint-Amand-Montrond accusé d’être résistant, la Milice prend possession de la ville. Le 21 juillet les miliciens procèdent à l'arrestation des 70 juifs présents dans la commune qui sont immédiatement transportés au Bordiot, la prison de Bourges.

Le 24 juillet 1944, 26 hommes sont amenés par camion, jetés en plusieurs vagues dans un des puits, profond de 30 mètres, de la ferme de Guerry, avant d'être écrasés par de gros blocs de pierre et de ciment, le bruit du moteur servant à camoufler les cris des victimes. Seul Charles Krameisen, faisant parti de la dernière vague, a réussi à s'échapper et à trouver refuge dans une ferme plus loin.

Le 26 juillet, 3 nouvelles personnes sont amenées à Guerry et jetées à leur tour dans un puits.

Le 08 août, au moment où les Allemands quittent la ville de Bourges, 2 jours avant le départ de la milice de Saint Amand, 8 femmes sans enfants sont à leur tour jetées dans un des puits.

Ce n'est que le 18 et 19 octobre que les corps sont découverts et sortis des puits, grâce à l'action de Charles Krameisen et de l'ouverture d'une enquête judiciaire par le Comité Berrichon du Souvenir et de la Reconnaissance, pour retrouver les personnes disparues.

Des prisonniers allemands sont appelés par les soldats américains, présents sur place suite à la Libération du Cher, à mettre les corps en bière.

Au total, ces massacres ont fait 36 victimes juives. Pour la première fois, les Alliés sont confrontés à un des éléments du dispositif du génocide des juifs puisqu'ils n'ont pas encore, en cette date d'octobre 1944, découvert les centres de mise à mort.

Le site des puits de Guerry devient un lieu mémoriel dès 1945 avec l'apposition d'une plaque commémorative des massacres. En 1994, deux colonnes de l'artiste Georges Jeanclos, neveu de 2 victimes,  sont exposées pour le 50e anniversaire.