Mémorial de Langenstein, 17 mars 2015
Ce camp était en fait une annexe du camp de Buchenwald. Le premier transport de détenus a lieu en avril 1944. Les détenus mouraient très vite à la tâche, l’espérance de vie était de six semaines maximum. Y étaient envoyés essentiellement des détenus étrangers (95%), notamment français et polonais. 33 langues différentes étaient parlées dans le camp.
A quelques kms du camp se trouvait une usine de turbines d’avions qui a été bombardée plusieurs fois. Les nazis décident alors de déplacer la production sous terre. Ils font construire d’immenses galeries souterraines par les déportés (13 km de long, 7 m de haut, 5 m de large). La SS a ensuite loué les détenus aux entreprises de production.
Dans les années 1970, la RDA réutilise une partie des tunnels comme dépôt de munitions, puis ils seront privatisés en 1994.
Le camp a été reconstitué sous la RDA, ce qui induit les visiteurs en erreur.
Le camp a une superficie de 13 hectares, il faut environ 5h pour le parcourir entièrement. Les galeries se trouvent à 3km du mémorial.
Le 8 avril 1945, Halberstadt est à nouveau bombardée. Le commandant du camp décide l’évacuation du camp : 3000 hommes vont alors faire les marches de la mort. Seulement 500 ont survécu. 1400 personnes se trouvent encore dans le camp, à l’infirmerie, mais la plupart ne survivront pas. Le camp est libéré le 11 avril.
Depuis 1991, on organise ici des journées de rencontre autour de cette date. D’anciens détenus reviennent avec leur famille, il y a des dialogues avec les jeunes de la région.
Le groupe de la deuxième génération se rencontre en dehors de cette journée. La rencontre annuelle a lieu en automne. Les activités ont très variées, les participants donnent notamment des idées pour l’aménagement des mémoriaux. Le myosotis, qui signifie « ne m’oublie pas » (vergissemeinichtblüten) est devenu le logo du groupe de la deuxième génération.
La première rencontre de ce type a eu lieu en 2002. 1938 panneaux à la mémoire des victimes ont été installés par des jeunes de la région.
En 2003, on plante 5163 bâtons sur la place d’appel du camp, symbolisant les déportés : « Cela est un homme » (référence à Primo Levi).
En 2004, des jeunes fabriquent des écharpes avec le logo du tunnel creusé par les détenus, une manière d’en annoncer la prochaine ouverture à la visite.
En 2005, ils font un marquage du début de la marche de la mort. 2500 panneaux sont installés, comportant le nom et les dates d’un déporté, quand ils sont connus.
En 2007, ils marquent les noms des détenus sur des pierres venant des tunnels et les déposent sur les fosses communes.
En 2008-2009, on lance une alerte sur les risques de destruction des traces du camp, pour sensibiliser les jeunes et les intéresser à l’histoire du lieu.
Depuis 2009, le travail du groupe de la deuxième génération est très reconnu. Ils sont actifs au sein de la Fondation pour les Mémoriaux de Saxe-Anhalt et participent à des réunions et des conférences. L’objectif pédagogique est désormais plus mis en avant.
Depuis 2010, le groupe donne chaque année un sujet aux jeunes de la région pour qu’ils travaillent dessus. Les réalisations sont libres, le travail souvent créatif. Le but est d’inciter les jeunes à devenir eux-mêmes acteurs et les intégrer à un mouvement international. Des jeunes de plusieurs écoles, accompagnés par des pédagogues préparent l’action pendant environ 6 mois. La première action de ce type a eu lieu en 2010. Il s’agissait de refaire le chemin depuis la gare de Langenstein jusqu’au camp de concentration.
En 2011, les élèves de plusieurs écoles ont réalisé une création poétique à partir de textes de Roger Leroyer, un ancien déporté, intitulée « Images avec les sons ».
en 2012, le thème était « pain-baraque-être humain » : la faim, la promiscuité. Ils ont rédigé les questions qu’ils auraient aimé poser aux détenus et ont cherché les réponses dans les textes des survivants. Puzzle, morceaux de mémoire.
En 2013, la thématique s’intitulait « les maladies et accidents de travail et leurs conséquences ». Les jeunes ont lu les textes des survivants et les ont mis en rapport avec les photos et les films faits par les américains à la libération du camp. A chaque fois, un membre du groupe de la deuxième génération introduit l’action.
En 2014, « les chemins et le mouvement dans le camp » a donné lieu à une réalisation théâtrale, ainsi qu’à des panneaux avec les lieux du quotidien des déportés.
L’édition 2015 donnera lieu à une action dans quelques semaines. Le thème est le « mouvement », en rapport avec la marche de la mort.
Il existe plusieurs témoignages d’anciens déportés sur un sujet, parfois mêmes contradictoires. Il y a eu des interviews des membres du groupe de la deuxième génération avec leurs pères : 15 interviews dans différentes langues, qui ont ensuite été écrites et traduites. Ces interviews sont conservées par le groupe. Ce sont aussi eux qui choisissent les textes pour le travail pédagogique.
Les témoignages sont très variés par leur forme, Goupil est dans le réel, Petit dans la psychologie et Leroyer davantage dans la poésie.
La participation des élèves est basée sur le volontariat. Deux lycées sont très fidèles, il y a aussi d’autres écoles de la région qui participent de manière plus ponctuelle. Aujourd’hui, deux étudiants coordonnent le travail des 20 à 30 jeunes participants. Le nombre est relativement bas car cela entraine d’importants problèmes logistiques. Il y a un effet multiplicateur. Ce travail de réflexion est vu comme une chance pour les élèves. L’élargissement du groupe entraine des frais : traduction, transport… Mais la deuxième génération a la volonté de faire ce travail.
Il n’existe pas d’autre initiative de ce type en Allemagne.
Il y a deux ans le mémorial a créé un système de guidage pour les visiteurs : un système de géo-caching avec six parcours possibles. Chaque groupe reçoit un sac. Un groupe est composé de 4 personnes : un chef, un navigateur, un rédacteur et un informateur. Il y a un catalogue de questions pour chaque parcours.